France Inter
Accueil > Séance 4 : les nouveaux défis de l’information

Séance 4 : les nouveaux défis de l’information

Temps : 2h00 / Supports : article, vidéos.

L’essor des technologies du numérique a permis la croissance d’une pratique appelée communément « journalisme citoyen ». Chacun peut désormais publier des contenus d’information sur internet au moyen d’un simple téléphone portable, et les journalistes ont été forcés de s’adapter à la concurrence de ces nouveaux producteurs de contenus.

Années 2000 : blogs, et naissance d’Ohmynews et d’AgoraVox

Au cours des années 2000, la démocratisation d’internet et des technologies numériques permettent à chaque citoyen de partager son avis et d’ouvrir un blog ou de partager son avis dans un forum. Les blogs permettent à tous d’échanger sur des sujets personnels, ou d’actualité, et de publier des contenus gratuitement auprès de son réseau.

Le sociologue Dominique Cardon, dans un article publié dans la revue Hermès en 2007, qualifie ce phénomène de « blogosphère citoyenne » et souligne qu’elle mobilise notamment les internautes « à la suite d’évènements d’actualité (guerre en Irak, attentat de Londres, tsunami en Asie, etc.) » et lors des campagnes électorales.

Ohmynews, le précurseur coréen

Le site coréen « Ohmynews » est lancé le 22 février 2000, et choisit comme slogan « Chaque citoyen est un journaliste ». En 2011, environ deux millions et demi de pages sont consultées chaque jour. Le site emploie alors une cinquantaine de journalistes, chargés de lire, vérifier et réécrire certaines pages et d’animer des groupes de « journalistes-citoyens ».

Page d'accueil du site Ohmynews
Page d’accueil du site coréen « Ohmynews », dont les contenus sont rédigés par des citoyens et relus par des journalistes

AgoraVox, le journalisme collaboratif à la française

Tout comme Ohmynews, le site AgoraVox (dont le slogan est « le média citoyen ») propose à des non-professionnels de prendre la plume pour partager dans ses pages des histoires, photos, vidéos, qui ne seraient pas diffusés dans les médias traditionnels. A sa sortie en mai 2005, il annonce compter entre 150 et 200 contributeurs et classe les informations qu’ils écrivent d’une manière similaire à celle d’un média professionnel, avec des rubriques comme : culture et loisirs, économie, politique, santé, sport, tribunes, sciences, etc. Moins d’un an après son lancement, le site publie 20 à 30 articles par jour et l’audience qui en découle le hisse rapidement au statut de principal « média citoyen » français.

Capture d'écran d'un article du site AgoraVox avec un article "Les mesures prises contre la propagation de l’épidémie ont-elles vraiment sauvé des vies ?"
Un exemple d’article publié sur le site AgoraVox, et signé « azyx1986 »

Journalisme et objectivité

Un journaliste, dans le cadre de son métier, se doit tendre vers l’objectivité et ne pas donner son opinion sur les faits qu’il décrit. Son parcours et son expérience, en revanche, lui permettent de donner un point de vue et une expertise sur un sujet d’actualité. En cela, il se différencie de certains auteurs de blog ou youtubeurs car les informations que transmet le journaliste sont choisies, validées et hiérarchisées par plusieurs personnes (voir la composition d’une rédaction).

Comme le détaille la vidéo ci-dessous, les journalistes s’efforcent de sélectionner des informations qui touchent un public large, contrairement aux contenus produits sur réseaux sociaux qui touchent une communauté restreinte de personnes.

La fin des « gatekeepers » et internet comme espace de parole pour tous

Le terme anglais « gatekeeper« , qu’on peut traduire par « portier », gardien », ou « contrôleur » en français, est utilisé pour décrire le rôle d’un journaliste employé par un média traditionnel comme « l’individu qui filtre et élimine les informations indésirables, inintéressantes ou insignifiantes et s’occupe d’informations de plus ample importance » (Franklin 2005, 92).

Des plateformes comme Ohmynews ou AgoraVox, et les espaces d’expression sur internet en général, ont ouvert aux citoyens un espace de parole sur l’actualité. Ils ont bouleversé l’horizontalité de la transmission de l’information et ont mis en partie fin au phénomène des « gatekeepers » puisque l’information peut-être publiée par des non-professionnels sans vérification préalable. Cela ne veut pas dire qu’une information publiée sur un média citoyen est systématiquement fausse ou biaisée, mais qu’il faut être extrêmement prudent et identifier dans chaque contenu :

Attention : les contenus publiés sur le web par les médias sont parfois des reprises de dépêches d’agences de presse, et pas des contenus réalisés par les personnes qui publient ces contenus sur le web. Ces personnes sont des éditeurs qui reprennent des informations déjà produites par des journalistes, les reformulent, changent le chapô de l’article, etc.

Vidéo : youtubeurs & journalistes s’expriment en multimédia

Mister Geopolitix est youtubeur, et Matthieu Lartot, journaliste à France Télévisions. Tous les deux utilisent le web comme espace d’expression, ainsi que les réseaux sociaux : Instagram, Snapchat, Facebook, Youtube, etc. L’un a suivi une formation de journalisme, l’autre pas. Ils expliquent dans cette vidéo les conditions d’une production fiable d’information sur le web, pour les pro et les moins pro.